La communication que nous souhaitons proposer prendra comme point de départ les conclusions de notre thèse de doctorat, soutenue en novembre 2023, Archéologie et architecture d'une pédagogie : le verbe dans les grammaires du français publiées en Angleterre entre 1750 et 1880. Ses conclusions s'ouvraient sur des remarques de Colombat, qui nous permettaient d'affirmer avec force que, si nous avons fait le choix d'aborder un pan historique du FLE, c'est « parce qu'on ne comprend pas » (2005, 315). C'est à partir de notre propre histoire que nous avons souhaité faire de l'histoire.
Nous étant investie dans la didactique du FLE en Angleterre depuis une quinzaine d'années, rien, a priori, ne nous destinait à une recherche de type historique. C'est au cours des perpétuelles remises en question sur la façon dont, en tant que praticienne, nous tentons d'enseigner la grammaire à des apprenants de langue maternelle anglaise, que nous avons décidé d'ouvrir la porte de l'Histoire. Selon un double questionnement : dans quelle mesure l'histoire nous permet-elle de dire une pédagogie passée ? Mais, en même temps, qu'est-ce que l'histoire ne nous permet pas de dire ? Notre thèse s'inscrit donc dans la continuité du peu d'études sur la question, telles que celles de Coffey (2019, 2020, 2021) et de Gallagher (2019), qui ont établi les bases solides de l'historiographie du FLE, parmi d'autres langues, en Angleterre, à différentes périodes.
Cependant, après six années au contact du passé pédagogique de l'Angleterre de l'époque victorienne, nous sommes loin d'avoir trouvé toutes les réponses auxquelles nous nous attendions, convaincue comme nous l'étions qu'en ouvrant des manuels, « eux-mêmes [constituant] le meilleur moyen d'accéder au fonctionnement pédagogique » (Spaëth, 1998, 59), une relation historico-pédagogique se dessinerait de manière évidente. Malgré cette légère déception au terme d'une course de fond, l'Histoire nous impose d'ouvrir d'autres portes. Certes, nous sommes ravie d'avoir pu proposer une contribution plutôt rare, aux dires de notre jury de thèse, dans le domaine de l'histoire du FLE, en replaçant sous les projecteurs du présent une façon d'évoquer, entre autres, le temps, à la fois pédagogique, contextuel et grammatical : c'est la raison pour laquelle nous avions choisi le verbe, outil linguistique puissant. Toutefois, pour la période que nous avons traitée, la « force de frappe » du verbe dans l'espace didactique apparait quelque peu limitée.
Ainsi, nous aimerions consacrer cette communication au conflit qui nait de cette volonté d'unifier l'histoire et la didactique – un conflit qui ne peut manquer de déboucher sur une autre vision de la question du pédagogique : en ce sens, quelle part donner à la linguistique ? à la pédagogie ? à l'histoire ? Bien que les résultats obtenus n'aient pas été très probants, ils ont néanmoins permis d'élargir certaines pistes, comme nous tiendrions à le montrer au cours de cette Première journée des jeunes chercheur.es.